David Hallyday : « Parfois la nature d’un regard, c’est plus fort que des mots»
Par Franck Ragaine
Qu’on se le dise David Hallyday est dans une forme olympique. Un nouveau single : « Ensemble et maintenant » qui annonce un nouveau CD dont la sortie est prévue pour novembre, quelques mois après que le précédent ait été sacré platine ! David, avec l’élégance et la pudeur qui le caractérisent, évoque sa carrière, ses parents, ses enfants, son émotion face aux récents bouleversements qui ont affecté la planète et aussi tous les espoirs qui nourrissent son futur et celui des autres.
Vous avez enregistré le précédent CD alors que l’émotion était à son comble après le décès de votre père. Celui-ci s’est fait durant le confinement. Pouvez-vous nous dire dans quel état d’esprit vous avez enregistré ces nouvelles chansons ?
David Hallyday:Je pense qu’il y a une vraie émotion universelle. Tous les êtres humains sur terre ont vécu le confinement et l’isolation quasiment en même temps, c’est une situation très particulière. Il s’en dégage forcément une sensibilité universelle. Beaucoup de questions se posent différemment aujourd’hui. Je n’ai pas attendu le confinement pour avoir un ressenti sur ce qui se passe dans le monde. Mais le confinement a accentué ces convictions que j’ai depuis longtemps. Nous arrivons au bout d’un système à la fois social et humain et il faut réinventer cette machine, privilégier l’aspect humain et rassembler les gens plutôt que de les diviser. Je suis parti de cela pour écrire le titre « : « Imagine un monde » que j’ai partagé au début du confinement et qui m’a donné envie de réaliser tout un album à partir de là. J’avais envie de communiquer cette force, ce besoin d’aller de l’avant mais en se posant les bonnes questions. C’est un album profondément humaniste et qui s’interroge sur le rôle des femmes, des hommes et pour essayer de tous mieux vivre ensemble. J’avais besoin de le lancer maintenant car je trouve que dans un an cela aurait été certainement dépassé. J’espère que l’on aura avancé et que le monde aura pas mal évolué.
Lors de l’écoute du premier single : le public a réagi en disant : ” des paroles et une musique qui font du bien a l’âme.” Quel effet cela vous fait-il ?
D.H. :Cela fait extrêmement plaisir. La musique est quelque chose de très subjectif. Lorsqu’on apprend que le public réagit et ressent les mêmes émotions, ça vous touche évidemment. Et cela me conforte aussi dans l’idée de bonté qui est essentielle chez beaucoup d’entre nous , prendre soin de son entourage et des autres est important. Donc ces témoignages son importants pour vous donner envie de poursuivre dans cette direction et continuer à partager vos émotions.
Dans : ” Ensemble et maintenant “, vous dites : ” en qui devons-nous croire ? ” Vous en 2020, en qui en quoi croyez-vous ?
D.H. :Il faut arriver à écouter sa conscience et prendre du recul par rapport à tout ce que l’on entend sans trop se faire guider. Il faut privilégier le ressenti, ses limites plutôt que de se calquer sur des discours qui sont souvent plus politiques qu’humains. Nous sommes dans une époque d’incertitudes. On parle d’un nouveau monde mais nous sommes toujours pourtant bien ancrés dans un ancien système. Cela nous donne un manque de confiance d’autant qu’on essaie souvent de mettre en exergue ce qui nous divise plutôt que ce qui nous rassemble. Nous entamons une nouvelle ère mais il faut privilégier l’humain , se poser les bonnes questions et voir le grand tableau de l’existence.
Vous êtes en concerts non-stop quasiment deux ans. Quelles ont été les réactions du public les plus touchantes ?
D.H. :Le plus beau témoignage, c’est lorsque le public est au rendez-vous et que l’on fait la fête ensemble. Un concert, c’est un partage d’énergie. Leur présence m’a beaucoup touché surtout car je vivais une période personnelle assez compliquée. Le public était là et on voit dans les yeux, cette sympathie, cet amour….Parfois la nature d’un regard, c’est plus fort que des mots, c’est touchant.
Ilona votre fille est en couverture du livre : « Women » de la photographe Emmanuelle Choussy pour la Ligue contre le cancer. Quel effet cela vous fait de voir vos enfants suivre vos traces…
D.H. :C’est une très belle de photo d’Ilona et je suis ravi qu’elle ait été choisie pour la couverture de ce livre C’est un très bon choix !(sourire) et une photo différente d’Ilona que l’on a pu voir jusqu’à présent. Tout cela me replonge dans mes débuts et ce que mes parents ont du vivre lorsque je me suis lancé. C’est la continuité d’un héritage artistique familial quel que soit le domaine : la musique, le cinéma, la photo…Il y a une vraie culture artistique et depuis de nombreuses générations dans notre famille. C’est beau de voir ses enfants continuer dans cette voie, cette passion et s’exprimer à travers cet univers. Et ils le font avec sérieux, c’est le chemin de l’apprentissage et je suis ravi de les voir évoluer de cette manière dans l’existence.
Vous avez pris une décision qui a surpris tout le monde en renonçant à tout héritage. Est-ce que cela va vous permettre réellement de tourner la page ?
D.H. :Pour moi la page cela fait longtemps qu’elle est tournée. J’ai juste pris une décision en cohérence avec ce que je dis dans le privé depuis le début. Maintenant c’est fini et tout le monde va pouvoir passer à autre chose et ne plus discuter d’un sujet qui n’a plus lieu d’être.
Vous avez le droit de regard sur l’héritage artistique de votre père. Est-ce qu’il y a un projet qui n’a pas encore été fait à son sujet, un documentaire ou autre chose sur lequel vous souhaitez vous impliquer ?
D.H. :Pas spécialement pour l’instant, les beaux projets sont ceux qui se font dans la réflexion et sur la longueur. Pour l’instant j’ai beaucoup à faire en ce qui me concerne avec la promotion de mon nouvel album. Evidemment si je vois ou reçois des propositions je donnerai mon avis. Un héritage artistique, c’est savoir doser et ne pas tout « gâcher » en lançant des concepts en masse. C’est la nature des projets qui compte donc on verra bien ce qui se présente. Je ne souhaite pas qu’il y ait de surconsommation. Mon père ce n’était pas un produit mais un être humain et il faut choisir les bons projets et au bon moment et pas tout le temps. On verra plus tard.
Sylvie elle est toujours à vos côtés. Une star pour le public mais pour vous c’est votre mère. Avec le temps qui passe, mesurez-vous la chance et le bonheur de pouvoir profiter l’un de l’autre?
D.H. :Bien sûr et c’est pour cela que j’ai envie de rester gamin le plus longtemps possible. On est gamin lorsqu’on a toujours un ou ses parents. Les relations familiales sont très importantes, nous sommes très proches les uns des autres. On se confie beaucoup et on s’aime tout simplement. Chez nous, nous sommes une vraie famille. C’est comme cela que j’ai été élevé, cela nous a donne la force, nous sommes des gens solides et c’est irremplaçable
Quelles sont les victoires personnelles et professionnelles dont vous êtes le plus fier ?
D.H. : Lorsqu’Ilona est née, ma première fille, je me suis dit « j’espère que mes enfants seront des gens bien ». Je me suis dit à partir de là que je ferai tout mon possible pour qu’ils le deviennent. Je suis fier de mes enfants, c’est une grande victoire parce que ce n’est pas évident. D’un point de vue professionnel c’est d’avoir réussi alors que l’on me disait au départ que c’était impossible, que c’était écrit sur le papier. Cela m’amuse aujourd’hui parce que l’on me disait que ce serait impossible et ça depuis mon adolescence. J’ai réussi dans le domaine que je souhaitais et je trouve ça cool.
Justement que représente le nom de David Hallyday en 2020 selon vous ?
D.H. :C’est un peu compliqué de répondre à cette question, il faut demander aux autres…J’espère que je représente quelqu’un de bien, quelqu’un qui vit pour sa passion et qui essaie de toucher les gens avec ses convictions et avec amour. J’espère que l’on pourrait dire cela…(rires)
A vingt ans vous étiez au top grâce à la chanson : “High “, après il y a en a eu beaucoup d’autres dont : « Tu ne m’as pas laissé le temps « … et à 50 toujours aussi populaire puisque disque de platine avec : « J’ai quelque chose à vous dire ». Est-ce différent de vivre cela à 20 ans et à 50 ans ?
D.H. :D’être populaire permet de continuer son métier, sa passion. Moi j’ai commencé à une époque où l’on pouvait encore espérer construire une carrière à long terme. Mais aujourd’hui c’est plus complexe, la diffusion de la musique a changé. J’ai eu la chance d’arriver au bon moment. J’ai construit ma carrière pour faire en sorte que cela dure le plus longtemps possible et pouvoir continuer à aller à la rencontre du public est un privilège. Je remercie le ciel tous les jours.
Franck Ragaine