Sylvie Vartan :”Le peuple Ukrainien force l’admiration”
Jamais son statut de légende de la chanson française à travers le monde ni sa célébrité n’ont fait oublier à Sylvie ses racines, ni altérer son humilité. Au contraire, en véritable dame de cœur, elle a le plus souvent en toute discrétion contribué à aider les plus démunis.
C’est pourquoi l’Unicef s’associe avec la star pour sortir un CD des cinq titres les plus emblématiques et les plus slaves de son répertoire (« Odessa » : chez Sony le 27 mai) dont les bénéfices seront entièrement reversés à l’organisation. Comme quoi après 60 ans d’une
carrière inégalée, Sylvie a plus que jamais dans le cœur l’envie d’offrir et partager ses émotions de femme et d’artiste.
Comment est né le projet de sortir ce nouveau CD “Odessa”avec l’Unicef ?
Sylvie Vartan: A force de voir tous ces reportages avec l’escalade de la violence en Ukraine, et devant les multiples témoignages déchirants qui nous parvenaient au quotidien, je me suis demandée comment être utile. Ces colonnes de gens désespérés qui fuient les horreurs de la guerre, qui laissent tout derrière eux pour fuir et chercher la liberté, cela m’a retourné. Nous nous sommes tous demandés ce que nous pouvions faire pour aider ce peuple qui force l’admiration. C’est insupportable de voir ces gens, ces femmes qui ont laissé un mari, un fils, un père qui vont peut-être se faire tuer….c’est inhumain,monstrueux et insupportable Et cela m’a ramené violemment à mon enfance et à des souvenirs douloureux. Nous ne fuyions pas la guerre mais un régime totalitaire et brutal. Sous les ordres de Staline, Les Russes étaient arrivés en libérateurs en Bulgarie à la fin de la seconde guerre mondiale et très vite le rideau de fer est tombé. Je n’ai pas besoin d’énumérer les horreurs perpétrées par ce régime qui a privé de liberté plusieurs pays.
Ce sont donc cinq chansons de votre répertoire qui sont symboliques
par rapport à vos racines slaves ?
S.V. :Oui évidemment il y a « La Maritza » interprétée avec l’orchestre symphonique de Bulgarie enregistrée en public pour mes 50 ans de carrière C’est une de mes versions préférées accompagnée d’un texte en introduction qui décrit ma douleur par rapport à cette situation. Il y a aussi « Nicolas » et « Le Bleu de la Mer Noire », chanson extraite de mon dernier CD. (Merci pour le Regard sorti en 2021) Et puis j’ai repris cette chanson « Odessa » que j’avais interprétée dans les années 90 tant elle dépeint la situation actuelle de manière frappante. Je l’ai réenregistrée pour lui donner une autre couleur musicale. Enfin, je tenais à reprendre la chanson de John Lennon :”Imagine” que j’avais chanté pour la première à mon retour en Bulgarie après la chute du mur de Berlin. J’ai choisi cette version en particulier car je revois devant moi tout ce public debout et en larmes. J’ai délibérément voulu garder la présentation de cette chanson en langue bulgare et il se trouve que les mots que je dis : l’espoir, la tolérance et la liberté, sont aussi bien compréhensibles pour les Ukrainiens que pour les Russes.
Ne craignez- vous pas que la liberté du peuple bulgare soit à
nouveau en danger ?
S.V. :Tous ces pays qui ont vécu sous la main de fer de régimes totalitaires
sont en permanence en danger et garde toujours la peur chevillée au corps.
Est-ce qu’il y a une image qui vous a particulièrement marquée
en suivant les actualités ?
S.V. : Il n’y en a pas une mais des centaines malheureusement…Mais
j’avoue que cette photo prise ou l’on voit des mains d’enfant je crois sur la
vitre d’un train et une silhouette devant ce train qui sonne comme un adieu, a ranimé tellement de sensations en moi….
Vous allez aussi jouer bientôt votre propre rôle dans l’adaptation
cinématographique du best -seller de votre avocat et ami Roland Perez : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » . Comment va faire Sylvie Vartan pour jouer Sylvie Vartan ?
S.V. :Je ne sais pas, je laisse cela aux soins du scénariste. Evidemment je ne
peux pas jouer Sylvie Vartan à dix-huit ans… (Sourire) Mais j’ai accepté avec plaisir et je suis ravie de participer au film.
Vous venez d’assister au mariage de votre petite-fille Ilona
avec Kamran. En juin, elle va donner naissance à son premier enfant. Est-il important pour vous de revenir en France pour être à ses côtés ?
S.V. : Bien évidemment, Je vais rentrer mais le bébé va décider de venir quand il le veut.
Il n’est pas programmé pour un jour particulier donc j’espère que je serai
arrivée à temps (sourire). Je ferais de mon mieux et je suis sûr que lui aussi !
(rires)
Vous avez chanté dans le monde entier, rare sont les artistes français qui ont fait une vraie carrière à l’étranger. Vous vous êtes même produite avec un véritable triomphe au MGM de Las Vegas. Mais il parait qu’après plusieurs concerts vous avez refusé un contrat pour y rester plus longtemps comme l’ont fait plus tard Mariah Carey, Céline Dion..?
S.V. :Oui c’est exact car je n’avais aucune envie de vivre à Las Vegas ! Autant j’étais ravie de faire cette expérience de me produire sur cette scène aux USA, autant je n’étais pas partante pour m’établir avec toute ma tribu dans cette ville. Et puis j’avais d’autres projets en France et ailleurs et je ne souhaitais pas refaire le même spectacle pendant une longue période au même endroit.
Avez-vous refusé d’autres contrats importants comme celui-ci ?
S.V. :J’ai refusé un contrat à la Twentieth Century Fox. Daryl Zanuck , le patron du studio, m’avait sollicité . A cette période, les artistes étaient signés pour une période de sept ans pour faire des films. Je l’ai rencontré en haut d’un grand bureau à l’hôtel Claridge. J’ai refusé car du haut de mes dix-huit ans, cela me paraissait être toute une vie. Il aurait fallu que je parte sept ans, je ne souhaitais pas m’éloigner de ma famille. Je ne pense pas que j’en ai mesuré l’ampleur à l’époque.
Vous dites ne pas encore avoir vu le documentaire de Johnny sur Netflix. La dernière image c’est vous qui interprétez les yeux dans les yeux au Parc des Princes devant 50 000 personnes : « Tes Tendres années ».C’est symbolique tant votre couple est mythique ?
S.V. : Je n’ai pas vu ce documentaire faute de temps mais je vais le faire. Je suis très touchée, c’est une belle image. Je me rappelle exactement les sensations que j’avais en chantant sur scène pour lui cette chanson. C’est très profond. J’ai eu du mal tellement j’étais émue. Heureusement qu’il m’a fait un clin d’œil qui m’a replongée dans le moment présent.
Vous repartez en tournée, est-ce que vous vous ennuyez lorsque vous ne chantez pas ?
S.V. : Non je ne m’ennuie jamais mais être sur scène est un exutoire, …je livre mes émotions comme jamais sur scène et j’oublie le quotidien. J’ai un côté dynamique et impulsif mais au fond cela cache beaucoup de mélancolie…
Interview : Franck Ragaine
Photo: Francois Nars
Tournée:
07/09 – Parc Des Oiseaux – Villars-Les-Dombes –
28/10 – Théâtre du Léman – Genève –
06/11 – Théâtre Salle Rouge – Courbevoie
18/11 – Casino – Cagnes-sur-Mer
25/11 – Théâtre – Blanc Mesnil
26/11 – CEC Théâtre – Longjumeau
27/11 – Théâtre – Yerres